lundi 22 décembre 2014

Le Rital, tome 1 : Dans l’enfer de l’Isonzo - Tom Savel




Lorsque, en 1902, à cinq ans, Carlo débarque en Provence avec des parents fuyant la misère en Italie, il est loin d’imaginer que l’eldorado escompté par les siens ne sera jamais à la hauteur de leurs espoirs. Souffre-douleur d’un parâtre alcoolique – avec lequel sa mère s’est mise en ménage à la suite du décès accidentel de son père – il fuit la maison familiale, à huit ans et demi, une nuit d’avril 1905. Il est recueilli, dans un premier temps par des bouscatiers travaillant dans les bois environnant le village de la Cadière. Employé ensuite comme ouvrier agricole et charretier, il traverse, à l’instar de ses compatriotes résidant dans l’Hexagone, une période agitée pleine de haine envers des migrants accueillis dans un pays que l’Italie risque un jour de combattre du fait de son appartenance affichée à la Triplice – la France étant, elle, dans le camp opposé. En 1915, l’Italie rejoignant finalement la Triple Entente, il part combattre – comme tous les Transalpins résidant dans l’Hexagone – l’Autriche-Hongrie, l’ancienne alliée de l’Italie, dans le Trentin puis dans l’Isonzo.


Editions Hélène Jacob
Publié en 2014
Format : ePub
341 pages sur Kobo
A propos de l'auteur : ici



Premier roman que j'ai eu envie de lire dans le cadre de mon nouveau partenariat avec la maison d'édition Hélène Jacob. J'ai choisi ce titre simplement parce que je suis une "ritale" et que le sujet ne pouvait que m'interpeller.
Nous sommes au début du 20 ème siècle et la misère est grande en Italie, Carlo, sa maman et son beau-père quittent leur village piémontais pour aller tenter leur chance en France, dans le sud de ce pays qui ressemble à un eldorado pour eux. La vie n'y sera pas aussi merveilleuse qu'ils l'espéraient.
Quelques années plus tard, c'est la guerre et Carlo devra combattre pour un pays qui ne le reconnait plus comme l'un des siens.
Beaucoup d'émotions et de sentiments dans cette histoire. On ressent parfaitement la douleur de cette famille d'immigrés qui a quitté son pays natal pour un autre où elle espère vivre mieux. L'espoir est présent, la solidarité, l'entraide également mais rien ne permet d'oublier l'endroit où on est né, là où est restée sa famille. 
Puis cette guerre qui emporte les plus jeunes. Pour Carlo c'est une douleur supplémentaire car à la souffrance, la peur et les privations s'ajoutent la haine qu'il ressent, tant de la part de français que d'italiens qui lui reprochent d'avoir fui son pays.
Toute cette approche de la violence de l'immigration est fort bien rendue par l'auteur.
C'est donc un roman vraiment intéressant qu'on lit avec plaisir car il est bien documenté et d'autant plus que l'écriture est recherchée et fluide, que des phrases en italien s'intercalent (par contre c'est vrai qu'avec un format numérique c'est moins agréable d'aller voir le lexique à la fin du roman, heureusement je n'en avais pas besoin) et que les émotions sont bien réelles.
Cependant, même si cette histoire m'a intéressée elle n'est pas exempte de petits défauts.
Le premier que je trouverais à ce roman c'est la facilité avec laquelle Carlo et sa famille s'intègre , trouve du travail, n'a pas de problèmes avec la langue, pour moi qui vient d'une famille d'immigrés (même s'il s'agit de la deuxième vague d'immigration italienne des années 50-60) c'est assez peu réaliste et beaucoup trop facile. J'ai tellement entendu mes parents parler des difficultés énormes qu'ils ont rencontrées à leur arrivée en France, rien à voir avec la chance et le travail etc etc... qui tombent tout cuits dans l'escarcelle de cette famille. J'ai donc eu un peu de mal à croire à cette histoire.
Le deuxième tient à une certaine lenteur qui casse vraiment le  rythme de l'histoire. Dans les descriptions de la guerre, des horreurs vécues , des situations dramatiques rencontrées par Carlo, on est pas bousculé, ni happé par l'extrême violence subie car c'est trop lent, pas assez fort ni prenant, j'ai même réussi à m'ennuyer un peu dans cette partie du roman.
Malgré ces petits bémols, c'est une histoire intéressante qui nous amène à réfléchir sur la notion d'étranger et comme il s'agit d'un tome 1 je lirai vraiment volontiers la suite.

Merci beaucoup aux Editions Hélène Jacob pour ce partenariat.

Lien  : http://www.editionshelenejacob.com/store/products/le-rital-1-dans-lenfer-de-lisonzo/



Partenariat

2 commentaires:

  1. Je ne partage pas la critique de Delcyfaro, et je m'en explique :
    - première critique, objective : la facilité d'intégration de Carlo.
    Sur cette question, il faut rappeler que la vague d'immigration italienne des années 50/60 n'est pas du tout, loin s'en faut, celle des années 1900.
    Au début du XXe siècle, la cause de l'immigration italienne en France était essentiellement économique : il y avait une pénurie de main-d'œuvre, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et du bâtiment et l'immigration italienne est venue combler cette pénurie. Il est donc tout à fait normal que les parents de Carlo aient trouvé du travail immédiatement, d'autant que l'auteur nous indique que le poste avait été quasiment réservé antérieurement par un ami déjà en place.
    En ce qui concerne l'apprentissage de la langue, il est évident que si les parents connaissent quelques difficultés, il n'en est pas de même pour un enfant de 5 ans qui, lui, va s'adapter très vite (je garderai toujours en mémoire l'aventure réelle de ma jeune sœur, partie vivre deux mois en Espagne à l'âge de deux ans : à son retour, elle ne parlait plus Français mais parlait l'Espagnol couramment... en seulement deux mois !).
    - deuxième critique, celle-là, purement subjective : le rythme.
    Je n'ai personnellement pas trouvé le rythme très lent, au contraire, j'ai trouvé que ce rythme suivait très précisément les actions de guerre faites parfois d'actions rapides et le plus souvent d'attente angoissée, espérant que les obus et balles de fusil passent loin au-dessus...
    Ce livre m'a passionné et j'attends la suite avec grande impatience.

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    1. Voila c'est publié...désolé pour le laps de temps... mais c'est comme àa je procrastine à tout va.. Merci pour votre passage.

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