mardi 20 décembre 2016

Les Veuves du jeudi - Claudia Piñeiro





Au-delà des grillages et des barrières de sécurité se cache un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires ; un havre de paix pour “gentlemen, à l’abri du tumulte d’une capitale grouillante et tentaculaire. Ici, on est entre gens de bonne compagnie. Une poignée d’amis se réunissent chaque semaine, loin des regards, pour discuter entre hommes. Les épouses, exclues de ces soirées, s’appellent avec humour “les veuves du jeudi”. Un veuvage somme toute agréable, jusqu’à ce funeste jour de la fin septembre 2001 où la plaisanterie s’avère prémonitoire : les hommes sont retrouvés électrocutés au fond d’une piscine. L’attitude du seul rescapé laisse à penser que ce pourrait ne pas être le tragique accident qu’il y paraît. Derrière les façades clinquantes on découvre les grands secrets et les petites misères de ces nantis. Le regard est ici sans complaisance sur une société hypocrite et ostentatoire, dénuée de scrupules, tandis qu’approche l’effroyable crise économique qui a mis l’Argentine à terre. Déliquescence, chute annoncée d’une bourgeoisie affairiste, à mesure que la situation économique se dégrade croît l’impérieuse nécessité de nier l’évidence, de maintenir à toute force ce standing garant d’un certain statut social. Jusqu’à choisir l’impensable pour préserver les siens, les mettre définitivement à l’abri, tant du besoin que de la médiocrité de la plèbe.

Claudia Piñeiro est née en 1960, dans la province de Buenos Aires. Elle est romancière, dramaturge et auteur de scénarios pour la télévision. Ce roman a été récompensé par le prix Clarín 2005.

Editions Babel
Publié en 2014
320 pages
A propos de l'auteur : ici


Les veuves du jeudi c'est le nom que ce sont donné les épouses des messieurs qui se réunissent tous les jeudis pour discuter entre hommes, certaines de ces veuves fictives vont le devenir réellement puisque le roman démarre par la découverte des corps de ces amis électrocutés dans la piscine.
Puis l'histoire nous replonge dans les temps qui ont précédé ce drame et qui vont expliquer (ou pas) comment une telle catastrophe a pu se produire.
Nous sommes dans une bulle, un havre de paix dans la périphérie de Buenos Aires, un lotissement où seules les familles aisées peuvent vivre.
Mais tout ceci n'est-il pas qu'une façade et les apparences ne sont-elles pas trompeuses?
Ce roman est un témoignage assez glaçant d'une société argentine qui veut donner le change malgré la crise et les soucis. L'intrigue est prenante et l'auteur nous déroule cette histoire en faisant intervenir des personnages très variés mais tous passionnants.
Nous avons Virginia, qui est agent immobilier et son mari Ronie, Teresa paysagiste de son métier et Tano qui lui est entrepreneur, Gustavo homme d'affaires et sa femme Carla, Ernesto et Mariana et leur fille adoptive Ramona  qu'ils décident de rebaptiser Romina pour coller davantage au snobisme de cet univers bourgeois.
Toutes ces vies vont s'entrecroiser, se télescoper et l'atmosphère va souvent être tendue au maximum.
Chaque personnage semble relier par un fil à une vie de paraître jusqu'au jour où tout explose.
Ecriture ciselée qui fait ressortir  au maximum l'hypocrisie de ces existences basées sur l'illusion de la richesse et surtout du regard d'autrui.
L'auteure ne nous épargne pas les côtés sordides qu'on cache comme la violence conjugale par exemple.
Construit également comme une intrigue policière l'histoire nous emporte totalement et ce n'est qu’à la fin qu'on comprend la cause de ces électrocutions et des ces morts.


A découvrir si vous êtes curieux-ses de littérature d’Amérique du sud.

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