lundi 29 juin 2015

La Perle et la Coquille - Nadia Hashimi





Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.


Editions Milady
538 pages 
Publié le  19 Juin 2015
A propos de l'auteur : ici 
Traduit par Emmanuelle Ghez


Une lecture que j'ai découverte grâce à l'opération Babelio Masse critique et j'avoue sans problème que c'est le commentaire de Khaled Hosseini sur la couverture qui a emporté mon envie de découvrir cette histoire.
L’Afghanistan, ce pays difficile qui se cherche toujours une identité et qui malmène beaucoup les femmes.
Nous suivons à un siècle d'écart la vie de 2 femmes,  Shekiba, la femme au visage meurtri et Rahima son arrière arrière petite fille qui lutte pour une liberté impossible dans ce pays gouverné par la religion et l'omnipotence des hommes.
Nous passons ainsi d'une histoire à l'autre, celle de Shekiba est racontée par la tante de Rahima, et elle fascine totalement Rahima et ses sœurs.
En effet dans la famille de Rahima, il n'y a que des filles (7) ce qui pour un musulman est une tare absolue. Entre un père opiomane et une mère complètement asservie, Rahima n'a qu'une image affreuse de la condition d'une femme dans ce pays. Alors qu'elle n'est encore qu'une enfant elle est choisie pour se transformer en garçon, devenant une basha-posh et découvre ainsi la liberté que procure le fait d'être de sexe masculin. Tout se passe parfaitement, le père est content il a enfin ce fils qu'il désire mais hélas la puberté met un terme à cet état et Rahima comme ses sœurs est mariée de force à un homme bien plus âgé qu'elle.
Entre jalousies, violence, viol, maltraitance c'est toute l'histoire malheureuse et désespérante des femmes dans ce pays musulman qui applique un islam fort qui nie les droits des femmes et les rabaisse à l'état d'objet. Grace à une certaine éducation et le fait que Rahima sache lire et écrire elle aura une lueur d'espoir en ayant la possibilité d'aller à Kaboul au parlement en qualité de secrétaire de la première épouse de son mari.
En parallèle à cette histoire, régulièrement s'interpose la vie de Shekiba son arrière arrière grand-mère dont l'existence a basculé le jour où son visage a été brûlé sur toute une moitié. N'étant pas vendable à un époux elle se retrouve garde du harem du roi et découvre elle aussi la liberté que procure le fait de se faire passer pour un garçon. Mariée de force également, elle découvrira la violence et le rejet des droits des femmes.
C'est une histoire vraiment dure, terrible, poignante, les mots transpercent et brisent quelque chose à l’intérieur de nous. J'ai souffert avec ces femmes, pleurer à leurs drames, soupirer ou sourit à leur solidarité et leur amitié mais également beaucoup penser et repenser à ces situations que nous ne connaissons pas dans nos pays et à cette liberté chèrement gagnée par des luttes incessantes contre le machisme et la négation de l'égalité des hommes et des femmes.
En Afghanistan les femmes sont encore considérées comme des objets qu'on peut: vendre, échanger contre une dot, battre, violer, engrosser sans cesse mais aussi bafouer, torturer, lapider et répudier.
Ce double récit nous montre vraiment le redoutable chemin qu'il reste à faire pour que les afghanes puissent aspirer à nouveau à une liberté retrouvée, car avant que ce pays ne devienne un pays islamique, les femmes n'étaient pas voilées, pouvaient travailler.
Une très belle écriture accompagne cette histoire et nous emporte totalement  dans des sommets d'horreur et de souffrance comme on voudrait qu'il n’en existe plus.
Ce qui est magnifique c'est que des voix comme celle de khaled Hosseini ou celle de Nadia Hashimi et d'autres surement s'élèvent pour dénoncer cet état de fait et quasiment organisent la prise de conscience et une résistance qui espérons-le ne fera qu'augmenter.

Un immense merci à Babelio-Masse critique et aux Editions Milady pour cette histoire vraiment poignante.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire