Notre famille est
l’émerveillement de ma vie et mon plus grand succès de conversation. Nous
n’avons rien en commun avec personne, nous nous sommes bâtis avec notre propre
souffle, nous sommes essentiels à nous-mêmes, uniques et dissonants, les seuls
de notre espèce. Les petites vies qui ont papillonné autour s’y sont brûlé les
ailes. Pas méchants, mais nous montrons les dents. Ça détalait quand une bande
de Cardinal décidait de faire sa place.
– Mais combien étiez-vous donc?
La question appelle le prodige et je ne
sais pas si j’arrive à dissimuler ma fierté quand je les vois répéter en chœur,
ahuris et stupides :
– Vingt et un? Vingt et un enfants?
Les autres questions arrivent aussitôt,
toujours les mêmes, ou à peu près : comment nous faisions pour les repas,
comment nous parvenions à nous loger, comment c’était à Noël, à la rentrée des
classes, à l’arrivée d’un nouveau bébé, et votre mère, elle n’était pas épuisée
par tous ces bébés?
Alors je raconte…
Eux, c’est la tribu Cardinal. Ils n’ont
peur de rien ni de personne. Ils ont l’étoffe des héros… et leur fragilité.
Editions Denoël
Publié en 2015
222 pages
A propos de l'auteur : ici
Je crois que c'est la première fois que je lis un roman
d'auteur québécois et je suis ravie d'avoir choisi celui-ci dans
la sélection Denoël.
Après quelques péripéties d'envoi, j'ai enfin reçu les deux
romans choisis et je me suis rapidement plongée dans celui-ci, remettant à un
peu plus tard ''le fossoyeur".
Nous découvrons donc la famille Cardinal, une famille nombreuse
s'il en est puisque qu'elle ne compte pas moins de 21 enfants.
Ces 21 enfants ont chacun pris leur route et leur envol et
l'occasion de se retrouver tous ensemble réunis leur est donnée lors de la
remise d'une médaille de prospecteur pour leur pére qui a toute sa vie
travailler dans la mine. C'est donc l'occasion pour les 20 enfants de se revoir
et de se remémorer leur enfance et surtout la disparition de leur sœur
Angèle, morte dans l’effondrement de la mine.
Le récit commence raconté par le petit dernier qui porte le joli
surnom de "lefion" et ensuite chaque nouveau chapitre est narré par
un autre enfant de la fratrie et c'est bien là qu'à résider ma difficulté
à m’intéresser à cette histoire au départ car je n'avais pas du tout
saisi que l'interlocuteur avait changé , ce n'est qu’après quelques
chapitres que j'ai compris comment fonctionnait l'histoire et c'est à ce moment-là
qu'elle a vraiment commencé à me passionner.
L'autre difficulté de départ a été de m'y retrouver dans les
personnages car tous ont un prénom (quelquefois révélé tardivement) mais aussi
et surtout un surnom.
Mais à part ça et une fois que ces "bémols" sont aplanis
ça devient une histoire passionnante et vraiment prenante. Elle est de plus
servie par une très belle écriture qui nous accroche bien et qui nous fait
partir dans des vrais sommets littéraires.
J'ai aimé cette chronique familiale qui aborde les
relations entre les gens, les secrets gardés, la solidarité et l'amour
familiale.
Chaque nouveau chapitre qui fait intervenir un membre diffèrent de
la fratrie nous offre une nouvelle approche de la vie de cette famille, on
découvre les souvenirs des uns et des autres et on peut les comparer. On
s'aperçoit également que chacun sait une partie de l'histoire et que certains
ignorent tout de l'origine du drame. La rudesse de la vie et de leur
environnement contribue encore davantage à cette impression de douleur et de
souffrance entrecoupée de tendresse et d’affection malgré tout. Chaque
enfant a sa place bien définie dans cette famille et celle-ci conditionne
vraiment son parcours.
La fin du roman offre la clé du drame et permet d'espérer que
chacun prendra le bon chemin pour tenter la vraie réunification de cette famille
pas ordinaire. On reste sur cette note d'espoir.
Une bien jolie histoire qui m’a vraiment donné envie de lire
l'autre roman de l'auteure : Il pleuvait des oiseaux.
Un immense merci aux Editions Denoël et en particulier à Célia
Giglio pour ce partenariat.
Un très beau roman de l'auteur (même si j'ai une petite préférence tout de même pour "Il pleuvait des oiseaux") dont je ne peux que conseiller la découverte.
RépondreSupprimerJe le lirai c'est sur car j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure. Merci du conseil.
SupprimerCa a été pour moi aussi la découverte de cette auteure. Un vrai coup de coeur !
RépondreSupprimerTrès beau livre effectivement, je vais essayer de me procurer le précedent.
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