Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.
Editions
Milady
538
pages
Publié
le 19 Juin 2015
A
propos de l'auteur : ici
Traduit par Emmanuelle Ghez
Une lecture que j'ai découverte grâce
à l'opération Babelio Masse critique et j'avoue sans problème que c'est le
commentaire de Khaled Hosseini sur la couverture qui a emporté mon envie de
découvrir cette histoire.
L’Afghanistan, ce pays difficile qui
se cherche toujours une identité et qui malmène beaucoup les femmes.
Nous suivons à un siècle d'écart la
vie de 2 femmes, Shekiba, la femme au visage meurtri et Rahima son
arrière arrière petite fille qui lutte pour une liberté impossible dans ce pays
gouverné par la religion et l'omnipotence des hommes.
Nous passons ainsi d'une histoire à
l'autre, celle de Shekiba est racontée par la tante de Rahima, et elle fascine
totalement Rahima et ses sœurs.
En effet dans la famille de Rahima,
il n'y a que des filles (7) ce qui pour un musulman est une tare absolue. Entre
un père opiomane et une mère complètement asservie, Rahima n'a qu'une image
affreuse de la condition d'une femme dans ce pays. Alors qu'elle n'est encore
qu'une enfant elle est choisie pour se transformer en garçon, devenant une
basha-posh et découvre ainsi la liberté que procure le fait d'être de sexe
masculin. Tout se passe parfaitement, le père est content il a enfin ce fils
qu'il désire mais hélas la puberté met un terme à cet état et Rahima comme ses sœurs
est mariée de force à un homme bien plus âgé qu'elle.
Entre jalousies, violence, viol,
maltraitance c'est toute l'histoire malheureuse et désespérante des femmes dans
ce pays musulman qui applique un islam fort qui nie les droits des femmes et
les rabaisse à l'état d'objet. Grace à une certaine éducation et le fait que
Rahima sache lire et écrire elle aura une lueur d'espoir en ayant la
possibilité d'aller à Kaboul au parlement en qualité de secrétaire de la première
épouse de son mari.
En parallèle à cette histoire, régulièrement
s'interpose la vie de Shekiba son arrière arrière grand-mère dont l'existence a
basculé le jour où son visage a été brûlé sur toute une moitié. N'étant pas
vendable à un époux elle se retrouve garde du harem du roi et découvre elle
aussi la liberté que procure le fait de se faire passer pour un garçon. Mariée
de force également, elle découvrira la violence et le rejet des droits des
femmes.
C'est une histoire vraiment dure, terrible, poignante, les
mots transpercent et brisent quelque chose à l’intérieur de nous.
J'ai souffert avec ces femmes, pleurer à leurs drames, soupirer ou sourit à
leur solidarité et leur amitié mais également beaucoup penser et repenser à ces
situations que nous ne connaissons pas dans nos pays et à cette liberté chèrement gagnée
par des luttes incessantes contre le machisme et la négation de l'égalité des
hommes et des femmes.
En Afghanistan les femmes sont encore
considérées comme des objets qu'on peut: vendre, échanger contre une dot,
battre, violer, engrosser sans cesse mais aussi bafouer, torturer, lapider et
répudier.
Ce double récit nous montre vraiment
le redoutable chemin qu'il reste à faire pour que les afghanes puissent aspirer
à nouveau à une liberté retrouvée, car avant que ce pays ne devienne un pays
islamique, les femmes n'étaient pas voilées, pouvaient travailler.
Une très belle écriture accompagne cette histoire et
nous emporte totalement dans des sommets d'horreur et de souffrance comme
on voudrait qu'il n’en existe plus.
Ce qui est magnifique c'est que des voix comme celle de
khaled Hosseini ou celle de Nadia Hashimi et d'autres surement s'élèvent pour
dénoncer cet état de fait et quasiment organisent la prise de conscience et une
résistance qui espérons-le ne fera qu'augmenter.
Un immense merci à Babelio-Masse critique et aux Editions
Milady pour cette histoire vraiment poignante.
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