Au-delà des
grillages et des barrières de sécurité se cache un écrin de verdure à la
périphérie de Buenos Aires ; un havre de paix pour “gentlemen, à l’abri du
tumulte d’une capitale grouillante et tentaculaire. Ici, on est entre gens de
bonne compagnie. Une poignée d’amis se réunissent chaque semaine, loin des
regards, pour discuter entre hommes. Les épouses, exclues de ces soirées,
s’appellent avec humour “les veuves du jeudi”. Un veuvage somme toute agréable,
jusqu’à ce funeste jour de la fin septembre 2001 où la plaisanterie s’avère
prémonitoire : les hommes sont retrouvés électrocutés au fond d’une piscine.
L’attitude du seul rescapé laisse à penser que ce pourrait ne pas être le
tragique accident qu’il y paraît. Derrière les façades clinquantes on découvre
les grands secrets et les petites misères de ces nantis. Le regard est ici sans
complaisance sur une société hypocrite et ostentatoire, dénuée de scrupules,
tandis qu’approche l’effroyable crise économique qui a mis l’Argentine à terre.
Déliquescence, chute annoncée d’une bourgeoisie affairiste, à mesure que la
situation économique se dégrade croît l’impérieuse nécessité de nier
l’évidence, de maintenir à toute force ce standing garant d’un certain statut
social. Jusqu’à choisir l’impensable pour préserver les siens, les mettre
définitivement à l’abri, tant du besoin que de la médiocrité de la plèbe.
Claudia Piñeiro est née en 1960, dans la
province de Buenos Aires. Elle est romancière, dramaturge et auteur de
scénarios pour la télévision. Ce roman a été récompensé par le prix Clarín
2005.
Editions
Babel
Publié
en 2014
320
pages
A
propos de l'auteur : ici
Les
veuves du jeudi c'est le nom que ce sont donné les épouses des messieurs qui
se réunissent tous les jeudis pour discuter entre hommes, certaines de ces
veuves fictives vont le devenir réellement puisque le roman démarre par la
découverte des corps de ces amis électrocutés dans la piscine.
Puis
l'histoire nous replonge dans les temps qui ont précédé ce drame et qui vont
expliquer (ou pas) comment une telle catastrophe a pu se produire.
Nous
sommes dans une bulle, un havre de paix dans la périphérie de Buenos Aires, un
lotissement où seules les familles aisées peuvent vivre.
Mais tout ceci n'est-il pas qu'une façade et les apparences ne sont-elles pas
trompeuses?
Ce
roman est un témoignage assez glaçant d'une société argentine qui veut donner
le change malgré la crise et les soucis. L'intrigue est prenante et l'auteur
nous déroule cette histoire en faisant intervenir des personnages très variés
mais tous passionnants.
Nous
avons Virginia,
qui est agent immobilier et son mari Ronie, Teresa paysagiste de son métier et
Tano qui lui est entrepreneur, Gustavo homme d'affaires et sa femme Carla,
Ernesto et Mariana et leur fille adoptive Ramona qu'ils décident de
rebaptiser Romina pour coller davantage au snobisme de cet univers bourgeois.
Toutes ces vies vont
s'entrecroiser, se télescoper et l'atmosphère va souvent être tendue au
maximum.
Chaque personnage semble
relier par un fil à une vie de paraître jusqu'au jour où tout explose.
Ecriture ciselée qui
fait ressortir au maximum l'hypocrisie de ces existences basées sur
l'illusion de la richesse et surtout du regard d'autrui.
L'auteure ne nous
épargne pas les côtés sordides qu'on cache comme la violence conjugale par
exemple.
Construit également
comme une intrigue policière l'histoire nous emporte totalement et ce n'est qu’à
la fin qu'on comprend la cause de ces électrocutions et des ces morts.
A découvrir si vous êtes curieux-ses de littérature d’Amérique du sud.
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