Orientales, toutes les créatures de Marguerite Youcenar le sont à leur manière, subtilement. L'Hadrein des Mémoires se veut le plus grec des empereurs, comme Zénon, dans la quête de son Oeuvre au Noir, paraît souvent instruit d'autres sagesses que celles de l'Occident. L'auteur elle-même, cheminant à travers Le Labyrinthe du Monde, poursuit une grande méditation sur le devenir des hommes qui rejoint la pensée bouddhiste. Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, " qui aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ", font écho à l'amertume du vieux Cornelius Berg, " touchant les objets qu'il ne peignait plus ". Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait trompait les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIe siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie, comme l'amour sublime de sacrifice de la déesse Kâli, " nénphar de la perfection ", à qui ses malheurs apprendront enfin l'inanité du désir... " Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans œuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement.
Editions Gallimard (L'Imaginaire)
Publié en 1998
149 pages
A propos de l'auteur : ici
Il y a longtemps que je n'avais plus lu Marguerite Yourcenar, bien que j'ai absolument adoré tous les romans que j'ai déjà lus : l'oeuvre au noir et Mémoires d'Hadrien je n'avais jamais trouvé le temps de me plonger dans ce petit livre qui traîne à la maison pourtant depuis plusieurs années.
Le challenge ABC 2011-2012 me permet de remédier à cela puisqu'il me fallait un auteur en Y.
Ce roman est composé de plusieurs nouvelles absolument magnifiques, vraiment faciles à lire mais tellement délicieuses. On y retrouve vraiment tout le charme de l'orient et le tout est servi par l'écriture magnifique, tellement déliée et prenante de Marguerite Yourcenar.
J'avoue que lire ce livre m'a donné envie de me replonger dans la partie de l'oeuvre de l'auteure que je ne connais pas encore..
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