lundi 3 juin 2013

Le quai de Ouistreham - Florence Aubenas




" La crise. On ne parlait que de ça, mais sans savoir réellement qu'en dire, ni comment en prendre la mesure. Tout donnait l'impression d'un monde en train de s'écrouler. Et pourtant, autour de nous, les choses semblaient toujours à leur place. J'ai décidé de partir dans une ville française où je n'ai aucune attache, pour chercher anonymement du travail. J'ai loué une chambre meublée. Je ne suis revenue chez moi que deux fois, en coup de vent : j'avais trop à faire là-bas. J'ai conservé mon identité, mon nom, mes papiers, et je me suis inscrite au chômage avec un baccalauréat pour seul bagage. Je suis devenue blonde. Je n'ai plus quitté mes lunettes. Je n'ai touché aucune allocation. Il était convenu que je m'arrêterais le jour où ma recherche aboutirait, c'est-à-dire celui où je décrocherais un CDI. Ce livre raconte ma quête, qui a duré presque six mois, de février à juillet 2009. J'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver écrire ce livre. ", Florence Aubenas.



Editions Points
Publié en 2011
238 pages
A propos de l'auteur :ici



Quand ma copine Marie Jo m'a proposé de me prêter ce roman , je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et j'ai été assez surprise par le sujet abordé.
Florence Aubenas, journaliste décide de mener l’enquête dans le milieu des employés de ménage dans les entreprises, les structures, les usines etc.. Pour que son livre puisse avoir plus de réalisme et d'impact, elle se met dans la situation réelle d'une femme plus trop jeune, qui n'a pas travaillé depuis longtemps , qui s'est séparée de son mari et qui doit trouver absolument du travail. De Pôle emploi, en passant par les boites d’intérim  les stages, les formations etc... elle va découvrir un monde vraiment terrible où les humiliations, l’exploitation à l’extrême des détresses sont le lot quotidien de ces femmes et de quelques hommes (les femmes étant plus nombreuses).
Ce livre offre un constat terrible de ce qu'on peut être obligé d'accepter pour pouvoir vivre et travailler, comment l'exploitation est banalisée, le code du travail et les conditions de travail bafoués, c'est un livre qui est un vrai témoignage de ce que certaines catégories de travailleurs et travailleuses vivent au quotidien et le pire effectivement c'est que trop souvent ils en deviennent transparents et qu'on ne les voit plus dans nos entreprises.
L'écriture de Florence Aubenas est vive, vraiment prenante et donne encore plus de force à ce témoignage.
Si j'ai beaucoup aimé ce roman je lui reprocherais toutefois son côté reportage. J'ai eu comme la sensation de lire un documentaire dans lequel l'auteur n'aurait mis aucun sentiment, le rendu est certes émouvant et captivant mais sans âme et sans implication psychologique à mon humble avis. En même temps je me dis que, bien sur l'auteure ne pouvait pas ressentir exactement ce que ressentent ces femmes qui n'ont rien d'autre dans leur vie, et qui vivent la peur au ventre des lendemains mais également de tomber encore plus bas. Donc j'ai eu un sentiment mitigé concernant le retour de cette expérience , j'en attendais autre chose de plus impliqué psychologiquement. 
J'ai lu il y a quelques années le roman de Gunter Walraff "Tête de turc" et je n'avais pas eu dans ce livre là cette sensation de reportage, c'est quelque chose qui m'a un peu gêné dans le roman de Florence Aubenas.
En conclusion, un livre témoignage à lire absolument pour son approche d'un milieu qu'on ne connait pas et pourtant que nous côtoyons tous et toutes dans nos vies de tous les jours.

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