1950, New York. Après Orson Welles et Arthur Miller, McCarthy et son équipe interrogent une certaine Maria Apron, 37 ans, actrice. Elle est accusée d'être entrée en Amérique avec un faux passeport et d'avoir assassiné un agent secret de l'OSS en Union sovétique. Pour se défendre, Maria Apron n'a que ses souvenirs. En actrice consommée, elle va, telle Shéhérazade, les distiller à ses accusateurs au cours des cinq journées que dure son interrogatoire. Devant une cour médusée elle raconte sa vie pour sauver sa tête. Elle commence par une révélation scandaleuse : oui, elle a connu Staline ; elle a même été sa maîtresse ! Et cette histoire a détruit tous ses rêves. Car, pour lui échapper, Marina Gousseiev (c'est son vrai nom), talentueuse actrice moscovite, se fait passer pour juive et se réfugie au Birobidjan, Etat juif autonome créé par Staline le long du fleuve Amour. Là, elle devient la maîtresse d'un espion américain qu'elle sauve du Goulag, avant de fuir aux Etats-Unis, où, ironie de l'histoire, McCarthy l'accuse d'espionnage... Avec Marina, on traverse une période extrêmement trouble de la Seconde Guerre mondiale et de l'immédiat après-guerre. De 1932 à 1950, on la suit de Moscou au fleuve Amour, du Goulag aux tribunaux de New York, passant du monde russe au monde yiddish, puis américain. On vit la bataille de Moscou, la domination perverse de Staline sur son propre peuple, y compris les Juifs. On approche de l'intérieur certains faits de guerre méconnus, ainsi que l'épouvantable réalité du Goulag... On apprend l'existence d'un monde juif insoupçonné pendant la Seconde Guerre mondiale. Un monde d'une richesse intellectuelle étonnante, où le théâtre joue un rôle capital. L'Inconnue de Birobidjan : un panorama inédit de l'histoire contemporaine, une héroïne digne de Pasternak, et l'histoire incroyable de cette région juive autonome, le Birobidjan, personnage à part entière du roman.
Editions Robert Laffont
Publié en 2012
435 pages
A propos de l'auteur : ici
Oui un vrai coup de coeur, tant par l'histoire que par l'écriture.
C'est vrai j'aime bien les romans qui ont un fond historique et celui ci fait vraiment partie de ceux que je trouve particulièrement réussis.Nous sommes en plein MacCarthysme, les communistes sont les vrais méchants du monde, selon les américains, et l’Amérique s'emploie et s'acharne à les dégoter dans toutes les couches sociales de son pays mais encore davantage dans les milieux artistiques.
On est donc dans l'un de ces procès tendant à prouver que Moscou s'est infiltré partout. Marina Gousseiv doit sauver sa peau et prouver à tous qu'elle n'est pas entrée aux USA comme espionne soviétique. L’histoire oscille donc entre les parties du procès et le récit de Marina concernant son aventure et ses déboires depuis sa rencontre avec Staline.
Ce qui est remarquable dans ce roman c'est que l'auteur parvient à ménager un vrai suspense concernant la culpabilité de Marina. Pendant tout le roman on ne sait pas si elle est vraiment une excellente comédienne ou une victime de la chasse aux sorcières de cette époque. Ce n'est que dans les derniers paragraphes qu'on apprend la vérité et qu'on sait exactement qui est Marina Gousseiv. Entretemps on s'est grandement attaché à son personnage, à celui de Mickael Apron mais également au journaliste qui tente tout pour la sauver. On vibre beaucoup au récit de Marina.
L'écriture de Marek Halter est également tellement belle qu'elle contribue au plaisir que l'on prend à cette lecture.
J'ai beaucoup aimé également tout ce côté historique, l'histoire de la Russie de Staline et surtout celle du Birobidjan que je ne connaissais pas du tout, on est plongé dans les divers méandres de l'histoire, dont certains sont plutôt nauséabonds et le talent de Marek Halter est bien celui de nous passionner à travers son roman pour toute cette partie de l'histoire mondiale.
Pour conclure ce livre est un coup de coeur dont je recommande vraiment la lecture à toute personne qui aime les romans à trame historique superbement écrits.
Je suis en train de le lire.
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